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Eveline - Idées architectes
24 septembre 2012

Lecture de la semaine: La vie à en mourir: lettres de fusillés (1941-1944)

Cette semaine, mes lectures par rapport au travail final visaient principalement le contexte historique. En ce sens, je me suis notamment renseignée sur la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. Le livre La vie à en mourir: lettres de fusillés (1941-1944) de Guy Krivopissko m'a apporté de nombreux renseignements. L'oeuvre contient 120 lettres véritables écrites par des résistants français à la veille de leur exécution. La préface est, quant à elle, écrite par François Marcot, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Besançon et conseiller historique du musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, et explique le contexte politique et social dans lequel la Résistance française a émergé.

D'abord, Marcot expose les causes de la présence allemande en France. En fait, en juin 1940, lorsque l'Allemagne remporte la victoire militaire en France, Hitler n'impose pas une domination directe afin d'établir une occupation paisible et rentable. Il agit plutôt avec un gouvernement français, c'est-à-dire avec le gouvernement de Vichy, à la tête duquel se trouve le maréchal Pétain. Ce dernier accepte de collaborer avec les Allemands dans le but de réprimer toutes tentatives des Français de reprendre le combat contre l'occupant. Dès lors, la résistance se fait sentir et plusieurs exécutions ont lieu entre juin 1940 et mai 1941. Or, l'opposition des résistants se durcit à l'été 1941. À ce moment, la lutte armée débute, exécutée notamment par le Parti communiste et certains autres mouvements. En conséquence, la répression de Vichy et des Allemands envers la Résistance se durcit elle aussi. Les condamnations abondent. 

Ensuite, Marcot retrace les raisons pour lesquelles de nombreux Français ont choisi la voie de la résistance. Souvent, ce choix n'a pas été moralement facile à effectuer. En effet, leur autorisation personnelle à user de la violence nécessitait une raison supérieure qui justifiait la légitimité de leur engagement. Selon Marcot, «du point de vue d'une éthique de conviction, ce choix se justifie pleinement: pour des êtres qui condamnent la barbarie et le totalitarisme nazi, qui luttent pour la liberté de leur patrie et le respect de la personne humaine, se battre personnellement est un devoir moral dont l'authenticité est garantie par le risque encouru.»[1] De plus, «en faisant participer la France à sa propre libération, même de façon modeste, les résistants pouvaient espérer redonner au pays une identité et une fierté nationales propres à assurer son indépendance vis-à-vis de ses alliés, et aussi sa reconstruction morale et démocratique.»[2]

Finalement, Marcot présente le contenu général des dernières lettres des condamnés. Bien qu'elles soient toutes uniques, maintes similitudes peuvent être discernées parmi elles. Ces résistants évoquent souvent un futur qu'ils ne connaîtront pas, mais qu'ils savent meilleur. Ils sont convaincus qu'ils ne se sont pas battus inutilement et qu'ils ne sont pas morts en vain. Au moment de mourir, ils célèbrent «d'abord l'amour de la patrie qui submerge tout, amour de la patrie vécu comme respect et défense des valeurs de la communauté.»[3] Tous se sont battus pour leurs idéaux, pour une France libre, et c'est pour cette raison que leurs lettres dégagent essentiellement l'honneur, la fierté, le courage et l'espoir. Aucun regret ne peut être décelé. Bref, ces Français sont morts pour une cause commune: la patrie: «Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l'essentiel.»[4] (Henri Fertet, 16 ans) 

Source: Guy KRIVOPISSKO, La vie à en mourir: lettres de fusillés (1941-1944), Paris, Tallandier, 2003, 367 p.


 

[1] Guy KRIVOPISSKO, La vie à en mourir: lettres de fusillés (1941-1944), Paris, Tallandier, 2003, p.16.

[2] Ibid., p.17.

[3] Ibid., p.18.

[4] Ibid., p.25.

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Commentaires
Y
«se battre personnellement est un devoir moral dont l'authenticité est garantie par le risque encouru.»<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai toujours cru que l'authenticité d'un médicament se mesurait à sa capacité de nous tuer, si mal administré... Je retrouve avec beaucoup de plaisir une confirmation de cette idée dans la "garantie par le risque encouru" que mentionne Marcot.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est un excellent billet que tu viens de produire. Bravo!
Eveline - Idées architectes
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